Ecritures coopératives

JEUX ET EXERCICES AUTOUR DES ÉCRITURES COOPÉRATIVES

LE HAÏKU EXQUIS (5 à 10’) :

Sur le principe du ‘Cadavre exquis’, inventé par les Surréalistes Breton, Prévert, Duhame et Tanguy, l’idée est de créer de petites formes poétiques en s’inspirant des haïkus.

Ceux-ci ont une forme imposée :

  •  3 vers
  •  Le premier a 5 syllabes, le deuxième 7 et le dernier 5

Afin de rendre le jeu plus fluide, nous ne gardons que la structure en trois vers et ne nous préoccupons pas du nombre de syllabes.

Chacun.e a un bout de papier en main qu’il remplit avec la première consigne, avant de le replier pour cacher ce qui vient d’être écrit et de le passer à sa/son voisin.e

On fait pareil pour la deuxième puis la troisième rubrique

  • Le premier vers porte sur un moment : le matin, l’automne, la nuit, etc.
  • Le deuxième vers propose un lieu ou un endroit : dans la ville, au bord de la plage, le long d’un chemin, etc.
  • Le troisième vers est émotion / sensation : elle est heureuse, j’ai chaud, la joie nous emporte, etc.

Enfin on déplie le(s) papier(s) et on en partage la lecture

 

ÉCRIRE ENSEMBLE (60’) :

1er temps - Écriture partagée :

  • Chaque participant.e choisit un mot apprécié (pour sa sonorité, son sens, etc.)
  • A partir d’un de ces mots (le sien ou celui d’un.e autre) écrire une phrase (ou un peu plus)
  • Chiffonner la feuille et la lancer au centre du cercle
  • Chacun.e pioche une feuille
  • Lecture des phrases piochées

2ème temps – Répartition en équipes de rédaction :

  • Proposer 4 types d’écrits (article de journal, texte descriptif, texte de fiction, texte poétique)
  • Choisir individuellement deux types d’écrits préférés
  • Au signal, se placer sous l’affiche du type d’écrit choisi (4 ou 5 personnes maxi par coin-affiche)

3ème temps - Écriture commune :

  • A partir des phrases de chacun.e, écrire un texte collectif correspondant au type d’écrit choisi
  • Affichage des créations
  • Échanges sur les affiches et démarches

 

CUEILLETTE ET MUR À MOTS (30 à 60’) :

  • On cherche les mots que l’on préfère – pas vraiment pour le sens du mot mais plutôt pour sa sonorité, son rythme, sa rondeur, sa saveur, son architecture (Ex : bouleverser, patate, hoqueter, zizanie, etc.)
  • Les écrire sur des bandes de papier de couleurs différentes et les coller au mur avec du scotch ou de la pâte à fixe pour pouvoir les bouger
  • Lire les mots ensemble – faire cacophonie – puis les lire un par un sans parler sur les autres
  • Par groupes de 3, 4 ou 5 choisir 5 mots dans le mur et écrire une histoire ensemble à partir de ces mots

 

LE GRAND DÉTOURNEMENT (30 à 60’) :

  • Proposer des pages de romans-photos ou BD dont on a préalablement ôté le contenu des bulles de dialogue
  • Les participant.e.s se regroupent par 3, 4 ou 5 autour de la page choisie et réécrivent l’histoire

 

 

LE RÉSERVOIR DE MOTS (35 à 45’) :

Créer un réservoir de mots et des fragments d’écrits pour aller vers la construction d’un texte poétique, en privilégiant l’intention poétique plutôt que la production.

 

L’amorce se fait individuellement, on s’inspire des autres et on choisit si l’on continue seul.e ou à plusieurs.

On a le droit de ‘’copier’’ le travail des autres car cela permet de :

  • débloquer
  • inspirer
  • ouvrir des possibles

 

Déroulement

Matériel

º

1 – Lecture d’un texte poétique pour sensibilisation
Ex : Déménager de Georges PEREC ou Faune de Ghérasim LUCA

Poème

 

2 – Écriture individuelle :

Choix d’un mot et écrire ce qu’il évoque (mots, groupes de mots, débuts de phrase)  Déballage en mode idéel (autour du sens) / matériel (autour des sonorités)

Cf Exemple affiché

Affiche exemple A3

Feuilles

Stylos

3’

 3 – Déambulation inspiratrice n°1 :

Aller glaner en regardant ce qu’on fait les autres pour augmenter son corpus de mots, réfléchir à des associations, etc.

 

3’

4 – Écriture individuelle :

Créer une structure, des bouts de phrases/groupes de mots qui pourraient devenir vers de poésie

 

3’

5 – Déambulation inspiratrice n°2 :

Retourner voir ce qu’ont fait les autres pour s’ouvrir de nouvelles possibilités

 

3’

6 – Écriture collective :

Par 2, 3 ou 4 (si base commune ou envie) écrire un vers ou plusieurs

 

12’

7 – Préparer le partage :

Sur affiche A3 ou sous forme de lecture

Papier A3

Scotch

4’

8 – Partage des créations :

Lecture(s) et/ou tour des affiches

 

5’

9 – Retours sur l’atelier :

Ressenti /  Exploitation possible

 

 

 

 

LA PÊCHE AUX MOTS – PETIT RÉVEIL (30 à 45’) :

  • Lecture d’un texte (Ex. : L’enfant cachée dans l’encrier de Joël Jouanneau)
  • Consigne : «Vous écrivez sur un papier tous les mots que vous entendez et que vous retenez dans ce que je lis. Vous écrivez en même temps que je lis »
  • Choisir 5 mots et écrire une petite histoire avec.

Lecture vivante, dans l’espace de la salle - On échange les histoires – c’est un autre qui lit – tous les autres se trouvent en face de lui – s’il bouge, tous bougent. Faire des petites surprises en se mettant sous une table, etc….

(Stage d’écriture F. Melquiot)

 

 

L’ÉCRITURE ORALE (90 à 120’) :

Attention, il vaut mieux être 2 pour mener cette activité

1er temps – TOC TOC ?

En cercle : 1 animatrice/eur pose une question (précédée de « TOC TOC ») et envoie le ballon à la personne qui souhaite répondre. Réponse puis la balle est renvoyée à l’animatrice/eur qui lance une nouvelle question 

Toc-toc : Qui est tu? je suis….

Toc-Toc : C’est quoi la catastrophe ? La catastrophe c’est que…

Toc-Toc : Qu’aimerais-tu avoir ? J’aimerais avoir…

Toc-Toc : et comment ça finit ? Ça finit …

L’autre animatrice/eur note les propositions sur de grandes affiches :

  • Les personnages possibles – héros/héroïne – méchant/méchante
  • Une épreuve, une catastrophe, un événement perturbateur
  • L’action – ce qu’il faut faire pour échapper
  • La fin heureuse – !!!

(Cela peut être aussi : un lieu, un moment, etc.)

2ème temps - Les images arrêtées :

On marche dans l’espace de la salle – au signal on stoppe et on fait une image arrêtée

sur le mot proposé par l’animateur – on repart – etc…

3ème temps - L’espace :

Des grandes feuilles sur le sol – on déambule entre les feuilles, on brasse les idées, les

choses que l’on a entendu/dit tout à l’heure en groupe –

Quand la musique démarre, on s’arrête sur une feuille et on écrit ou on dessine, selon le

titre de la feuille.

4ème temps - Un conte à plusieurs :

Installer des « post-it inducteurs » à côté des affiches :

  • Personnages = Il était une fois.../ Il y a longtemps.../ Dans un pays lointain.../ Jadis …/ Quelque part dans.../ L’été dernier.../ Tout à commencé...
  • Catastrophe : Un jour.../ Une nuit.../ Tout à coup.../ Soudain.../ Brusquement.../ C’est alors…
  • Action : Elle/Il essaie ... mais.../ Elle/Il fait... malheureusement.../ Quelques temps après.../ Tandis que.../ Malgré tout.../ Pendant ce temps...

Enfin.../ Grâce à …/ Par chance.../ Finalement.../ C’est ainsi que.../ C’est alors que...

  • Fin heureuse : Depuis ce temps.../ Et c’est ainsi que.../ Et c’est depuis que.../ Histoire vraie? Qu’en pensez-vous ?

A 3 ou 4 – on déambule entre les feuilles pour construire son histoire. Le but étant de conter l’histoire oralement, sans l’écrire, en s’aidant les uns les autres et de conter à plusieurs voix

 

 

LES PHOTOS (30 à 60’)

  • Proposer un choix de photos
  • Chacun.e choisit celle qui répond le mieux à un thème donné (Ex. :« l’écriture, c’est… »)
  • Par 3 ou 4, raconter une histoire à partir des images choisies
  • (Mettre l’histoire en jeu)

 

 

 JE TRACE, TU ÉCRIS (5 à 15’) :

  • 1 feuille blanche par élève + un scripteur (crayon papier, feutre, craie grasse…)
  • Consigne : «Vous vous mettez par 2, puis  chacun.e, vous fermez les yeux, vous vous installez bien sur votre chaise (dos droit..) et vous allez laisser une trace sur votre feuille (avec les yeux fermés), vous laissez promener votre crayon sur la feuille sans lever le crayon du papier pendant 1mn. »
  • Se tenir le dos droit, les 2 pieds au sol, la respiration tranquille

Quand c’est terminé, échanges des « dessins/promenade » et chacun.e écrit pour l’autre : une histoire, juste une phrase ou même juste un titre. On peut rajouter un trait, une couleur, un point qui donnera le sens de ce que l’on a vu dans ce cheminement aléatoire.

On peut aussi raconter l’histoire.

 

 

LE JEU D’HISTOIRES LIBRES (20 à 60’) :

  • Proposer des cartes illustrant des lieux, personnages, objets, actions, temps, etc. (Ex. : cartes du Dixit)
  • Chacun.e choisit un nombre de carte défini
  • Par 4 ou 5 : tirer une carte de chaque groupe (lieu, temps, personnages…)
  • Écrire une histoire (on peut dire : 1 phrase par carte tirée, ou plus…)

Variantes :

Faire une mise en espace des textes.

Faire un « chœur de lecture » (chacun.e une phrase et quelques mots ou phrases ensemble)

 

 

J'AI VU... QUI... (Inspiré du poème Visions de René de OBALDIA) (30 à 60’) :

  • Groupe scindé en deux :

> un groupe complète la phrase "J'ai vu..." (½ salle)

> l'autre groupe complète la phrase "Qui..." (½ salle).

  • Tâche :

1. Écrire (sur une bande de papier ?) une proposition réaliste ou insolite ;

2. Associer les propositions oralement d'abord (tour de rôle)

3. Au tableau, chercher des associations étonnantes, surprenantes, amusantes, insolites pour conserver un écrit collectif (travail possible aussi par groupes)

4. Par groupes ou collectivement, "étoffer" la production, la compléter, l'enrichir et essayer

de conclure...

L'utilisation des bandes de papier facilite la manipulation des phrases proposées.

Ensuite, lecture par l'enseignant(e) du poème Visions de René de OBALDIA

 

 

LE MARIAGE CHINOIS (jeu OuLiPo) (60’) :

Composer un texte à partir des réponses (non divulguées au départ) des joueur/se.s à des questions qui leur sont posées sans qu'on sache à l'avance de qui on parle :

De qui s'agit-il ? / Où se trouve-t-il (ou elle*) ? / Que fait-il (ou elle) ? / Quand cela

se passe-t-il ? / Que dit-il (ou elle) / Qu'en pensent les gens ? / Conclusion.

*Il ou *elle peuvent aussi être ils ou elles.

  • Chacun.e répond aux questions comme elle/il l'entend en imaginant qui est qui...
  • Mise en commun par groupes de 4 :

• Lecture des écrits produits

• Composer un texte (poétique ?) à partir des réponses aux questions en combinant les propositions des uns et des autres dans le groupe en fonction de l'effet "souhaité"

• Opérer les modifications nécessaires sur le plan syntaxique et sémantique (cohérence, liaisons, accords...).

- Lecture des productions

Variante :

• Phase collective où l'enseignant.e pose les questions et collecte les propositions. Puis production individuelle à partir des "collections" réalisées en assemblant des éléments que chacun.e enrichit à sa manière...

• On peut supprimer la question "de qui s'agit-il" en proposant un personnage, un animal réel ou imaginaire comme point de départ commun

Activités pour constituer un réservoir de mots à utiliser dans une production ou pour créer des définitions de ces mots inventés ou bien même les faire dessiner… :

 

ÉCRIRE À LA MANIÈRE DE (60’) :

Inspiré du poème de Georges PEREC : Déménager (In Espèces d’espaces)

Situation d'écriture du type :

1. Recherche individuelle

2. Mise en commun dans le groupe

3. Production

  • Chacun.e reçoit une étiquette contenant un verbe inducteur :

Ex : décamper, grelotter, désintégrer, construire, cueillir, décongeler, assaisonner, démolir, échafauder, labourer, accompagner, réévaluer, compiler, accumuler, raccommoder, alimenter, décharger, etc.

  • L'enseignant.e guide la première phase (individuelle) :

"Lisez ce mot. Vous le connaissez peut-être mais prenez le temps de vous le dire lentement, puis plus rapidement, de l'écouter chanter, sonner..."

"Écrivez les mots et expressions qu'il vous inspire : un mot, un groupe de mots, une courte phrase en laissant aller votre imagination..."

On obtient un "déballage" plus ou moins (dés)organisé...

  • En groupe ou individuellement (selon la forme de travail choisie) : "Vous allez organiser, trier, rassembler les éléments que vous souhaitez garder pour écrire un poème ou un texte qui vous plaise".
  • Parvenir à une production qui sera présentée, discutée, commentée...
  • Poursuivre le travail en fonction du projet défini et de la finalité.

 

 

LES MOTS INVENTÉS (ou existants mais rares) (20 à 45’) :

Objectifs : désacraliser le mot et inciter les élèves à rêver autour des formes sonores et des formes écrites

Support possible : Le grand combat de Henri MICHAUX :

« Il l’emparouille et l’endosque contre terre

Il le rague et le roupète jusqu’à son drâle

Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ;

Il le tocarde et le marmine.

Le manage rape à ri et ripe à ra.

Enfin, il l’écorbalisse.

L’autre hésite, s’espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.

C’en sera bientôt fini de lui ;

Il se reprise et s’emmargine…Mais en vain… »

 

 

MOTS VALISES (10 à 30’) :

Objectifs : désacraliser le mot en formant un mot inédit par l’intrication de 2 mots réels dont on mélange puis accole les syllabes

Supports possibles : nombreux exemples chez Lewis CAROLL (« Flivoreux, cela signifie frivole et malheureux » in De l’autre côté du miroir)

Ex. : chaton et tonnerre = chatonnerre : chat affectueux qui lance des éclairs

goret et correspondance = gorespondance : échange de nouvelles entre 2 cochons

 

 

LES MOTS TRONQUÉS (10 à 30’) :

  • Individuellement chacun.e réfléchit à un mot auquel on peut ôter une lettre qui en modifie le sens
  • Ensemble on écrit un texte ou une devinette poétique

Ex. : balle / ballet (son thé pris, la balle danse...), carotte > crotte (Sans lui, la carotte devient immangeable...)

Variante : rajouter une lettre

 

 

AUTRES OuLiPo ET JEUX DE MOTS

L’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) est une recherche d’expression littéraire basée sur les jeux de mots et les contraintes d’écriture, inventée et/ou popularisée par R. QUENEAU, G. PEREC, I. CALVINO.

Ces jeux peuvent être une recherche individuelle dans un premier temps puis devenir une création collective

 

- Lipogrammes :

Textes écrits sans utiliser une lettre déterminée

Ex. : La disparition de Georges PEREC, qui ne contient aucun « e »

 

- Anagrammes :

Permuter / inverser les lettres d’un mot pour en créer un autre

Ex. : monde > démon, manoir > romain, etc.

 

- Acrostiches :

La série des lettres initiales de chaque vers lue verticalement forme le nom d’une personne ou d’une chose

 

- Cascades :

Dispositif qui régente le nombre de lettres de chaque vers d’un poème ou de chaque mot d’une phrase pour obtenir une croissance régulière ou choisie. Exemples : « À la mer nous avons trempé crûment quelques gentilles allemandes stupidement bouleversées » " 1 + 2 + 3 + 4 … lettres

 

- Calligrammes :

Tant apprécié par Apollinaire qui inventa le nom (calligraphie et idéogramme).

Les poèmes dessinent, par la manière dont sont agencés les lettres et les mots, le sujet même du poème.

Il s’agit donc de représenter le texte selon une saisie visuelle instantanée échappant à la linéarité, tout en rendant la lisibilité moins immédiate. Outre Apollinaire, de nombreux autres auteurs s’y sont adonnés. Observer, lire puis à son tour, faire à partir d’un thème ou librement.

 

- Abécédaires :

Textes dont les initiales des mots successifs se suivent par ordre alphabétique.

Ex. : « À brader : cinq danseuses en froufrou (grassouillettes), huit ingénues (joueuses) kleptomanes le matin, neuf (onze peut-être) quadragénaires rabougries, six travailleuses, une valeureuse Walkyrie, x yuppies (zélées). » In A bas Carmen de Hervé LE TELLIER

 

- Palindromes :

Mots / Textes qui peuvent se lire indifféremment à de gauche à droite et de droite à gauche.

Il existe des palindromes de syllabes, de mots, de phrases ou de sons.

 

- Tautogrammes :

Texte dont tous les mots commencent par la même lettre.

Variante : le Tautogramme progressif, qui consiste à faire commencer tous les mots d'un texte par une même suite de lettre répétée (par exemple A-B-C A-B-C A-B-C).

 

- 99 notes préparatoires :

Entre le poème et l'essai, il s'agit d'écrire 99 phrases sur un sujet donné, dans le but d'en épuiser les potentialités. Le nombre oblige à une tentative d’épuisement.

Il s'agit ensuite d'ordonner ces notes.

 

 

 

D’après l’OCCE (AD 48, 21, 38, 46, 56, 62, etc.), F. Couillaud, G. Vermee, F. Melquiot et des conseillers p